§* Episode 1 : la lettre *§

Un geste exprime plus que mille mots.

   C'était un lundi après-midi. Paris était plongé sous les derniers rayons chauds du soleil d'octobre. La coline de Montmartre était inondée par une vague colossale de touristes. Il y avait ceux qui prenaient tout en photos, ceux qui se reposaient allongés sur la pelouse, ceux fascinés par tout et n'importe quoi. Les enfants criaient ou couraient dans tous les sens. Mais c'est l'un des avantages d'aller à l'école en plein coeur de la capitale.

   Je rentrai chez moi, plein livres dans les bras comme toujours. J'adorais lire, c'était ma vie. Ma grand-mère avait une immense bibliothèque dans son manoir en Grande-Bretagne. Je lus presque tous les bouquins à l'âge de 8 ans. Quand j'étais petite, je passais chez elle tout mon temps libre. Elle me racontait toujours pleins d'histoires avant que je m'endorme, on jouait dans le jardin, elle m'apprit tout ce qu'elle savait sur les fleurs. Je ne connus pas mon grand-père (son mari), il mourut avant ma naissance. Dommage. Apparement il avait beaucoup d'humour et adorait rire comme moi aujourd'hui.

   En rentrant, je récupérai les lettres. Habituellement il y avait que des factures, une carte postale des mon amie Beth qui était en Irlande et... une lettre à mon nom. Elle était dans une vieille enveloppe cachetée avec de la cire rouge d'emblême "E.M". Je fus très intriguée et surprise. Je partis dans ma chambre et laissai tomber tout le reste du courrier banal. Je m'assis sur mon lit et d'un geste hésitant ouvris l'enveloppe.

Nottingham, 20 octobre ****

Ma chère petite Elora,

comment vas-tu ma chèrie ? Te débrouilles-tu bien à l'école ? Toujours la première de la classe ? Je l'espère. Cela fait déjà depuis très longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles. M'as-tu oublié par hasard ? En tout cas, saches que je vais bien et que tu me manques terriblement.

Si je m'en souviens bien, dans quelques mois tu auras des vacances, non ? A l'occasion de cette lettre je voulais t'inviter à les passer chez moi en Grande-Bretagne. Comme à l'époque où tu étais toute petite et tu courais à couper le souffle dans le jardin derrière la maison. Ta chambre est restée intacte depuis ton dernier séjour.

Je pense en plus que la neige tombera bientôt et tu pourras faire des petits anges au sol. Et quand tu en auras assez et trop froid, tu pourras te réchauffer devant la cheminée avec une grande tasse de chocolat chaud comme tu aimes. J'ai acheté quelques nouveaux livres pour la bibliothèque dans l'aile droite donc tu ne t'ennuieras sûrment pas.

Donnes-moi une réponse si tu aimerais bien venir. Je t'achèterai un joli cadeau d'anniversaire à l'avance parce que je ne sais pas quand est-ce que tu auras le temps prochainement.

Embrasse maman de ma part

Je vous envoie plein de bisous ma chèrie

Ta grand-mère

~Emilie~

   J'étais stupéfaite. Je ne savais plus ce qui était plus bizarre : le fait que je pensai à ma grand-mère et que je reçus cette lettre une seconde après ou le fait qu'elle m'écrive tout simplement. Nous nous disputâmes toutes les trois (ma mère, sa mère et moi) un jour et depuis nous nous parlâmes plus. C'était la plus grande discorde depuis un siècle chez les Morels.

***

   Le soir, je parlai avec ma mère dans la cuisine. Elle fut tout aussi étonnée que moi. Ma réaction me parut alors moins anormale. Mais nous n'en discutâmes pas très longtemps. Elle me dit que cela était mon choix d'accepter ou non son invitation. Quoique ce n'était pas superlativement poli de dire non...